Un peu d’histoire

La composition de la commune de Saint-Agnant-de-Versillat n’a pas toujours été celle que nous connaissons aujourd’hui : jusqu’en 1825, deux communes coexistaient : St Agnant-de-Versillat et St-Etienne-de-Versillat. Leurs contours ont été redessinés pour les réunir, augmenter la superficie de la commune de St-Germain-Beaupré et échanger une partie de territoire enclavé de la commune de Vareilles.

Il faut souligner qu’il n’existait jusqu’alors pour les deux communes qu’un rôle d’imposition et qu’une matrice cadastrale.

Le procès-verbal de délimitation dressé le 4 mai 1824, qui aboutira à la confection du cadastre « Napoléon », précise :

« 1° que le chef-lieu de la commune de St-Etienne-de-Versillat ne se compose que des ruines de l’ancienne église, d’un ancien cimetière, d’une maison avec écurie et grange, d’une ouche et d’un jardin. Cet ancien chef-lieu que l’on peut considérer comme étant le premier quartier de la commune de St-Etienne se trouve enclavé de toutes parts par une très grande étendue du territoire de la commune de St-Aignant.

2° les villages de Lourioux (Lorioux),Proges, Forgevieille, la petite partie du Dognon qui se trouve à droite du chemin de La Souterraine à Chantaume et les deux tiers du village de La Maison Braud, forment un deuxième quartier très éloigné du chef-lieu et qui s’étend bien au-delà de la commune de St-Germain-Beaupré.

3° environ le tiers du village du Puy-Braud (Peubraud) forme un troisième petit quartier enclavé entre les communes de St-Aignan et St-Germain.

4° le village de La Ribière forme un quatrième quartier enclavé dans la commune de St-Aignan.

5° le village de La Peyre forme un cinquième quartier enclavé dans la commune de St-Aignan.

6° enfin le tiers du village de Manzot Berry (Petit Manze), environ le quart du village du Grand-Couret, une maison seulement du village de La Cafarderie, les villages de Peux Plat (Peuplat), Chanteneuil ( Châteneuil), Peux Février (Peufeurier), La Chadrolle, La Vergnolle, Les Fougères, Le Poumeroux (Le Pommeroux) , Montmerle, Le Chaudron, et une maison seulement du village de L’Aumône, forment un sixième et grand quartier de la commune de St-Etienne-de-Versillat.

Il faut encore remarquer qu’au milieu du deuxième quartier il s’y trouve enclavé le petit village des Loges situé auprès de Forgevieille et qui appartient à la commune de St-Germain-Beaupré.

Dans le sixième quartier les deux villages du Cluzeau et Les Vergnolles appartenant à la commune de St-Aignan-de-Versillat s’y trouvent enclavés.

Cette bizarre irrégularité du territoire de la commune de de St-Etienne disséminé sur différents points très éloignés les uns des autres, démontre assez l’impossibilité de conserver cette commune sans démembrer celle de St-Aignan pour former de nouvelles limites en faisant des échanges de territoire d’une commune à l’autre. »

On apprend également dans ce procès-verbal que les matériaux des ruines de l’église de St-Etienne ont été employés à réparer celle de St-Agnant.

Le rédacteur du procès-verbal, dans un élan de lyrisme, poursuit : «  on peut comparer la commune de St-Etienne à un corps sans tête, sans membres, dont l’âme aurait été se réfugier dans l’église de St Aignan. » Il rédige la suite de son procès-verbal en nommant cette nouvelle entité « les deux Versillat ».

A la suite de ce procès-verbal le Baron Finot, Préfet de la Creuse, considérant. … « que le Conseil Général du département n’a cessé d’exprimer le vœu de voir réduire le nombre des communes pour des circonscriptions mieux arrondies », propose d’ordonner

« 1° la suppression de la commune de St-Etienne-Versillat et sa réunion à celle de St-Agnant-Versillat, sauf de la partie du territoire qui comprend les villages de Lourioux, Proges, Forgevieille, Les Loges, le domaine du Doignon, une partie du village de la Maison Braud, lesquels seront et demeureront réunis à la commune de St-Germain-Beaupré.

2°  la réunion à la même commune de St-Germain-Beaupré de la partie du territoire de la commune de St-Agnant-Versillat qui contourne ladite commune de St-Germain en longeant la petite rivière de Sédelle, laquelle partie comprend les trois villages de La Grotonière, de La Petite Chapelle et de Pierre Fite, jusqu’à la limite qui sépare les dépendance de ce dernier village de celui des Moulins. »

Enfin, les limites entre les communes de St-Agnant-de-Versillat et Vareilles sont fixées de façon à supprimer l’enclave du village de Peudhouet : ce village fait dorénavant partie de la commune de St-Agnant-de-Versillat, et la commune de Vareilles récupère des terrains se trouvant près de son bourg.

Charles X, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, entérine cette proposition par  ordonnance royale du 9 octobre 1825.

Ces modifications impactent les superficies et populations des communes : St-Germain-Beaupré, qui avait une contenance d’environ 1 050 hectares et une population de 379 habitants, gagne 946 hectares et 332 habitants. Les deux communes de St-Agnant et St-Etienne de Versillat réunies ont désormais 5 046 hectares et la population passe de 2 355 habitants pour les deux communes réunies à 2 023 habitants pour la commune de St-Agnant-de-Versillat.

Ces changements ont dû alimenter d’âpres débats au sein des conseils municipaux : celui de St-Etienne déclare être «  loin de consentir à (la) destruction (de sa commune), et désire au contraire qu’elle soit conservée intacte ». Quant au Maire de St-Agnant-de-Versillat, il regrette que « trois villages, où sont les plus belles propriétés du canton » soient enlevés à son territoire.

Le Maire de St-Germain-Beaupré souligne l’éloignement des habitants des villages concernés de leur chef-lieu, « obligés de traverser cette commune pour conduire leurs morts, ce qui produit dans les temps d’épidémie des résultats fâcheux ».

Enfin, celui de Vareilles regrette un échange inique : gain de 5 à 6 hectares pour une perte de 20 à 25 hectares par l’échange avec Versillat.

A la suite de ces décisions, l’évêque de Limoges appliquera ces modifications à la « juridiction spirituelle » des communes de Vareilles, St-Germain-Beaupré, et St-Agnan-de-Versillac. Seul, le courrier émanant de l’Evêché de Limoges emploie cette orthographe.